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samedi 10 janvier 2015
Hommage aux dessinateurs qu'on assassine.
J'ai eu beaucoup de mal à me remettre à travailler. Mon esprit était rempli de tristesse et de rage face aux attentats contre Charlie Hebdo. Quand on est un créatif sincère, on se rempli généralement de ce qui flotte dans l'air et cela peut rendre dépressif comme cela peut créer de merveilleuses créations inspirantes et enrichissantes pour soi et les autres. C'est une manière de vivre qui est souvent sujette à l'incompréhension et au mépris, pour ma part j'ai décidé de rendre les attaques qu'on me lançait avec sévérité. Les créatifs sincères doivent gérer ce canal d'idées et d'émotions, faire le tri par le discernement et vivre pour leurs rêves et non dans le cauchemar des autres, mais parfois on reste bloqué sur une chaîne qui te diffuse en gros plan la pensée profonde et basse des humains. Les créatifs opportunistes copient les autres et suivent le cortège le plus rentable.
J'ai voulu rendre hommage aux dessinateurs ciblés et tués Cabu, Charb, Tignous, Wolinski, et Honoré parce qu'ils sont pour moi non seulement des collègues, mais de ceux qui ont tracé un sillage créatif pour tous ceux qui souhaitent vivre de l'illustration en France, ce qui est loin d'être évident, malgré quelques "stars" qui laisseraient croire que c'est un jeu d'enfant. Grâce à eux, j'ai pu me sentir libérée des morales emprisonnantes en riant devant Hara Kiri, j'ai pu me dire que ces choses étaient possibles, même s'il faut souvent lutter et parfois mourir. Mais personne ne mérite de mourir pour ça, si on lutte, c'est pour rendre possible la création et non pas se taire, se conformer aux bourgeois, aux racailles ou aux religieux. Pour moi c'est encore la culture, qui est pris pour cible, qu'on veut diminuer, taire. Je suis assez pessimiste quand je vois l'évolution des possibilités artistiques et culturelles (pour les pauvres, ceux qui refusent les mondanités opportunistes, ceux qui sont à l'arrière scène car trop obscènes.)
Même si je n'approuvais pas tous les propos ou encore le style graphique de ces dessinateurs, ils sont pour moi une famille et un héritage plus important que ceux qui m'ont donné la vie. Quand j'étais enfant et qu'on me mettait devant la télévision, je découvrais les dessins animés de Récré A2 et Cabu illustrer en direct l'émission, ce qui me laissait toujours assez émerveillée devant le processus du dessin, même si on a toujours voulu me dire que ce n'était pas un vrai métier.
Comme beaucoup, j'ai été choquée par ce qui s'est passé mais aussi par les prises de positions de certains sur les réseaux sociaux. On ne peut en effet pas partager les idées de tout le monde, mais je retiens dans ma liste noire ceux qui font semblant, peut être par mondanité opportuniste ou tentative de récupération, d'aimer les arts et la culture, de défendre la liberté d'expression et qui se moquent de ceux qui ont pu être émue par le meurtre de ces dessinateurs. Le mensonge et la traîtrise reste et restera une des plaie de l'humain que je pardonne le moins.
J'entends d'autres s’énerver devant les mots "liberté d'expression" se demandant pourquoi la défendre puisque celle ci n'existe pas, et donc ce serait une raison pour qu'il y en ai encore moins ? Une raison pour ne plus se moquer des religions, pour ne plus dessiner... Ce n'est pas en renonçant complètement à quelque chose qu'on le défend. J'en connais d'autres qui résisteront quoi qu'il arrive et qui ne craignent ni la censure, sachant la contourner, ni la violence sachant se battre, je les envie mais malheureusement une fois encore les plus démunis, les plus précaires ou les plus introvertis seront amenés à disparaître et même si c'est le dessein partagé des bourgeois, des racailles et des pseudos guerriers, je m'exprime et continuerai de me défendre contre leurs mises à mort.
Je suis aussi contre l'idée de "sortir de l'émotion". Non l'émotion n'est pas une maladie, elle ne l'est que pour les obscurantistes qui veulent nous contraindre à n'être que des zombies. On peut être émotionnel et capable de réfléchir, raisonner. C'est justement la censure et la bêtise qui empêchent de réfléchir et de raisonner, non pas l'émotion. L'émotion ne définit pas l'idiot, je ne pense pas que les guerriers qui ont assassinés ces gens aient beaucoup d'émotions, et c'est pour nous transformer tous en idiots sans émotions que certains partagent cette propagande anti émotion, la même que celle qu'impose, sans résistance, les djihadistes et les autres européens frustrés sexuellement qui envient et prennent en exemple ceux à qui on donne des flingues, des esclaves sexuelles et du fric.
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